Différents médias ont rapporté depuis décembre 2015 de curieux cas d’hypnose pratiqués entre lycéens dans différents établissements de la Somme et de l’Oise .

Paris Match : l’hypnose en pleine rue inquiète.
France Info  : Picardie : mystérieuse multiplication des cas d’hypnose en pleine rue

 

APEAS-Hypnose

Sous l’influence de certaines émissions télévisées, les pratiques d’hypnose semblent en effet rencontrer un certain succès auprès des jeunes qui s’en saisissent comme d’un jeu. Mais ces pratiques sont-elles aussi anodines que semblent le penser ces pratiquants en herbe ?

Le point de vue du Dr Béatrice Paquier-Frerring, anesthésiste réanimateur et hypnothérapeute à Lyon.

En quoi consiste l’hypnose ?

« L’hypnose n’est pas une mise en sommeil mais un travail actif d’un individu sur le ressenti profond au travers d’exercices et de suggestions verbales, l’individu gardant son libre arbitre de rentrer ou non dans l’expérience. En pratique médicale, l’hypnose sert ainsi à établir un lien entre une attitude et le ressenti d’une douleur et/ou d’un symptôme.»

Les pratiques d’hypnose sont-elles aussi facilement accessibles à tout un chacun ?

« Mettre quelqu’un en état d’hypnose est possible surtout si le sujet est facilement suggestible, ce qui est le cas des enfants. On enseigne même aux patients des techniques d’auto-hypnose afin qu’ils puissent gérer eux-mêmes certaines situations douloureuses ou diminuer le ressenti de certains symptômes. On peut donc très bien imaginer que certaines personnes suggestibles ayant accepté de se faire hypnotiser puissent répondre alors assez facilement à des suggestions sonores, visuelles ou autres…d’autant que des méthodes d’hypnose sont facilement accessibles via le net».

Que penser alors de ces pratiques réalisées de façon ludique par les jeunes ?

« L’hypnose n’a rien de ludique ! Il s’agit d’une technique dont les champs d’application en médecine peuvent être très larges, et qui, souvent associée à la médecine allopathique, permet une prise en charge globale des patients. Elle peut soulager ainsi la peur, le stress et apporter une réponse thérapeutique à des maux variés tels que des troubles fonctionnels digestifs ou des troubles gynécologiques… Elle trouve également de nombreuses applications en cancérologie ainsi que dans la prise en charge des douleurs chroniques et les soins palliatifs. Il s’agit d’une technique qui peut être très efficace, lorsqu’elle est pratiquée dans un climat de confiance et de respect de l’individu, par des professionnels formés, sur des gens motivés, qui en acceptent le principe. L’objectif premier doit rester un objectif thérapeutique ou d’amélioration de l’état de santé ou du bien-être de l’individu, sans quoi des dérives sont à redouter, on peut facilement l’imaginer !… Pour exemple, certains se sont parfois trouvés au cours d’émissions grand public, dans des situations qui se voulaient humoristiques mais qui au fond donnaient une image d’eux peu valorisante, alors même que l’hypnose était pratiquée sans volonté de nuire. Il est donc important de sensibiliser les jeunes au caractère non anodin de cette pratique qui, utilisée de façon malveillante, peut donner une image dégradante de l’individu. »