Les enfants témoignent de jeux à caractère violent qui provoquent régulièrement des accidents: à l’école, au collège, au centre de loisir, à la maison.

Ces pratiques ne sont pas récentes mais elles ont tendance à évoluer et leurs dénominations changent d’une année ou d’une région à l’autre.

NBjeuxviolents

 

Lorsqu’elles sont repérées, il importe de démontrer aux enfants les conséquences potentielles de ces pratiques, en donnant des exemples de cas réels de blessures plus ou moins graves et de leurs conséquences.

Nous évoquons ci-dessous quelques exemples de pratiques dont la liste n’est pas limitative:

JEUX D’AGRESSION

Un grand nombre de pratiques ludiques d’agression sont citées lors des séances de prévention. Les « joueurs » sont consentants, et connaissent les règles du jeu. Par leur consentement, ils acceptent d’en devenir la victime éventuelle, qui sera rouée de coups, parfois très violents.
Quelques exemples :

  • Le petit pont massacreur : une balle est lancée au sein du groupe, celui qui la laisse passer entre ses jambes se fait frapper par l’ensemble des joueurs,
  • Le jeu de la cannette : une cannette est lancée en l’air, celui qui la laisse tomber se fait frapper par le groupe,
  • Le jeu des couleurs : une couleur est choisie, celui qui la porte sur lui se fera frapper durant toute la journée par les autres. Il participera à son tour à l’agression suivante),
  • Le jeu de la croix : un collégien est marqué d’une croix sur le bras, et sera frappé par le groupe, puis participera au marquage suivant,
  • Le jeu de Beyrouth : à l’annonce du nom d’une capitale, la réponse du pays correspondant doit être immédiate, sinon l’enfant est frappé par le groupe,
  • Le jeu de l’anniversaire et le jeu du coiffeur : le jour de son anniversaire, les camarades donnent en guise de « cadeau » un nombre de coups équivalent au nombre des années correspondantes. Une coupe de cheveux entraîne de nombreux coups violents sur la tête et sur la nuque.
  • #SkullBreakerChallenge : Le jeu consiste à faire un double croche-pied par surprise à une personne qui saute sur place.

 

Les conséquences physiques : les moins graves sont des hématomes mais ils peuvent aussi entrainer des convulsions, des blessures de la face, des yeux. Des coups portés au ventre risquent d’endommager des organes très sensibles comme le foie et la rate. Les coups portés à la tête peuvent léser le cerveau entrainant des contusions cérébrales, des hémorragies diverses avec séquelles possibles quant aux fonctions mentales, motrices et sensorielles. Par un échange interactif, faire prendre conscience aux enfants de la fragilité de nos organes, et des conséquences de tels coups violents.

Les conséquences psychologiques sont à évoquer : en interpelant les jeunes sur leur sentiment de peur et sur le sens de la responsabilité par rapport à la vie d’un autre, un autre comme soi-même.

LE CATCH

La médiatisation du catch depuis quelques années entraine un effet de mode en particulier chez les garçons de 6 à 12 ans. La tenue et l’allure des catcheurs fascinent, les enfants ont tendance à vouloir reproduire entre eux les prises fantastiques.
Des accidents plus ou moins graves ont été signalés : ecchymoses ou hématomes, mais aussi des traumatismes crâniens, des fractures des vertèbres cervicales. Utiliser une planche du squelette humain pour montrer qu’une fracture des vertèbres peut entrainer des lésions irréversibles de la moelle épinière ayant pour conséquence une paralysie des membres.
Il importe de rétablir la vérité sur ce spectacle qui s’appuie sur l’apprentissage de feintes corporelles que les jeunes ne connaissent pas. Les catcheurs sont protégés par différents accessoires qui amortissent les coups, ils sont entrainés et savent comment chuter sans dommage, ce qui n’est pas le cas des enfants inconscients des conséquences douloureuses et traumatiques de telles pratiques.
Le catch n’est pas une activité sportive, les combats sont scénarisés, truqués et répétés par les catcheurs qui jouent une scène comme des comédiens, des cascadeurs: le déroulement d’un match est préparé, et tous les coups sont prévus à l’avance. Le catch dépend du ministère de la Culture, depuis les années 70 et non du ministère des Sports. Il n’existe donc pas de fédération ni d’encadrement. Chaque équipe est indépendante et locale.
Suggérer les clubs de sports de combat aux plus enthousiastes de ce type d’activité (boxe, lutte, judo, karaté).

JEUX DIVERS

  • Jeux avec le feu : gros pétards et fusées de feux d’artifice : Les pétards peuvent entrainer en explosant un début d’incendie et provoquer la surdité par lésion du tympan ou des osselets de l’oreille moyenne. L’enfant risque aussi de graves lésions des mains voire des yeux en cas d’échec du lancer.
  • Jeux de ‘Colin Maillard’, souvent cité comme dangereux, lorsque le périmètre n’est pas sécurisé à distance des voies de circulation. Il doit se pratiquer sous la surveillance du groupe des joueurs, qui veille à la sécurité de celui qui a les yeux bandés.
  • Jeux de blessure de la main : Jeu de ‘l’alphabet’ (il faut citer un prénom commençant par la lettre désignée par le meneur du jeu), jeu de la pièce (une pièce de monnaie doit tourner comme une toupie sur une table sans retomber) et jeu du Pouilleux massacreur (jeu de cartes au cours duquel l’on ne doit pas piocher un as de pique). Le gage consiste à blesser volontairement le dos de la main du perdant jusqu’au sang, et parfois jusqu’à l’os, avec risque d’infection possible sur des mains sales. Les enfants doivent prendre conscience que la fonction des mains est essentielle, et que certaines bactéries sont tenaces, après passage dans le sang (staphylocoques, streptocoques, Escherichia Coli). Par ailleurs, la chirurgie des mains est particulièrement délicate en raison de la complexité de ces véritables outils corporels.

Référence :  Extraits du manuel Jeux dangereux, méthodologie de prévention, l’Harmattan 2012