«Un collégien m’a dit : merci, vous m’avez sauvé»
Le jeu du foulard, ou de la tomate, encore appelé par les enfants « rêve indien », fait partie des jeux dangereux. Ce jeu peut provoquer des séquelles irréversibles ou la mort. S’il se pratique le plus souvent à l’école ou au collège, la prévention n’est cependant pas généralisée.
Autrement appelé par les enfants « jeu de la tomate » « de la guillotine » ou « rêve indien », le jeu du foulard est un jeu d’évanouissement. Les enfants le pratiquent seuls ou en groupe, par auto-strangulation ou par une autre personne avec les mains. Ils utilisent parfois un lien, une ceinture… Et obtiennent « un état euphorique bref provoqué par l’hypoxie cérébrale », un manque d’oxygène au cerveau, explique Françoise Cochet, présidente de l’association Accompagner Prévenir Éduquer Agir Sauver (Apeas). Cet évanouissement anormal, provoqué de manière brutale entraîne un ralentissement du cœur qui peut s’arrêter.
Comment le détecter ?
On peut repérer des signes physiques : traces rouges autour du cou, violents maux de tête à répétition, troubles visuels passagers, fatigue, défaut de concentration, oublis, troubles de la mémoire… D’autres signes peuvent alerter, comme la découverte d’une écharpe, d’une corde, que l’enfant veut garder sur lui. Une agressivité soudaine, un repli sur soi. Ou lorsque l’enfant pose des questions sur les effets de la strangulation.
Les enfants le pratiquent par défi, pour tester leurs limites. Ils veulent « approcher le malaise, mais ils ignorent que c’est un piège épouvantable, affirme Françoise Cochet. S’ils avaient eu connaissance du risque réel, ils n’y auraient pas joué. » La formation du personnel de l’Éducation nationale aux jeux dangereux est obligatoire depuis un amendement à la loi sur la refondation de l’école de 2013. « Cela n’est pas appliqué partout », constate celle qui a créé l’association en 2000, après la mort de son fils, à 14 ans, par étranglement. Elle sillonne les collèges pour sensibiliser au sujet. « L’an dernier, un collégien m’a dit : merci madame, vous m’avez sauvé la vie. » Il y jouait et a pris conscience qu’il risquait d’en mourir. Selon une enquête de 2011 d’Ipsos pour l’association, chez les 6-15 ans, un enfant sur dix a déjà joué à ce jeu qui se pratique dès l’école primaire.
Pourquoi une absence de statistiques ?
Aucune statistique n’existe sur le nombre de décès liés aux jeux dangereux. Ce jeu qui peut provoquer la mort ou des séquelles irréversibles n’est pas répertorié comme tel lors de l’enquête de police. « Il n’y a que deux cases à cocher : suicide ou accident domestique », déplore Françoise Cochet. L’association recense une vingtaine de décès par an, chiffre empirique, obtenu grâce aux familles qui la contactent. Le carnet de santé, dans sa version 2025, devait intégrer ce sujet pour informer familles et pédiatres. « Le texte co-écrit avec des médecins vient d’être retoqué », annonce, affligée, la présidente d’Apeas.
Un enfant sur dix a déjà joué à un jeu dangereux, retrouvez cet article, publié le 31 janvier 2025, sur le site de Ouest France