La France réagit face à un jeu dangereux
Article publié en espagnol dans EL PERIODICO de Madrid du 14 février 2007 Traduction : Stéphane Thomas
Des images captivantes d’enfants souriants défilent devant les yeux des téléspectateurs.A la fin, en dessous d’une mosaïque qui les regroupe, apparaît la « légende » suivante : Ils ont joués au jeu du Foulard, ils en sont morts, comme des centaines d’autres, arrêtons ce désastre. Cette annonce a été diffusée plusieurs fois par la télévision française sur la chaîne M6 et il est prévu prochainement de diffuser ce spot sur plusieurs chaînes. Il s’agit d’une campagne tenue par une association de Parents d’enfants qui ont perdu la vie après avoir pratiqué ce jeu à risques qui consiste a s’étrangler jusqu’à ce que le manque d’oxygène provoque une sensation de plaisir. Appelé aussi « rêve bleu », « Rêve Indien » ou « 30 secondes de bonheur », le jeu du foulard fait parti des pratiques à risques qui se déroulent dans les cours d’école. A la différence des autres jeux, celui-ci peut se pratiquer seul. Il est difficile de savoir si les morts par strangulation sont dus à un accident suite à la perte de connaissance (qui implique le risque du jeu) ou a une conduite suicidaire. Mais il n’existe pas de chiffres officiels. Néanmoins, l ’Association de Parents d’Enfants Accidentés par Strangulation ( APEAS) affirme qu’en France, 10 enfants décèdent chaque année à cause du jeu du foulard, et que le nombre de victimes atteint la centaine ces 10 dernières années.
Témoignages
La dure campagne de l’association et la publication de deux livres sur ce thème ont ouvert un débat dans les pays voisins sur la prolifération de jeux à risques entre les étudiants.
Dans «Nos enfants jouent à s’étrangler en secret », Françoise Cochet lance un signal d’alarme sur un phénomène qui touche chaque fois un enfant plus jeune. Les spécialistes font la distinction entre les jeux d’attaques, qui se définissent par une action de violence gratuite contre un camarade, et l’asphyxie, comme le jeu du foulard, dont la pratique remonte à l’ antiquité.
« C’est une espèce de rite entre le passage de l’enfance et l’âge adulte » « Généralement, les plus grands le transmettent aux plus jeunes », affirme Grégory Michel, directeur des différentes études sur ce thème. La conférence de l’automne dernier, à la Sorbonne, sur les conduites à risque dans les écoles, a mis l’accent sur l’extension de ces pratiques dans une tranche d’âge chaque fois plus amplifiée ( 6 à 16 ans) et a dévoilé qu’un enfant sur huit connaît ou a déjà pratiqué un jeu d’asphyxie.
Selon le psychiatre Jean-Claude Fisher, les victimes mortelles se produisent normalement chez les enfants qui pratiquent le jeu du foulard seul chez eux et perdent connaissance avant de pouvoir retirer le lien. J.C Fisher souligne que le phénomène atteint toutes les classes sociales et que les enfants ne le font pas pour se mettre en danger mais pour ressentir une sorte d’extase ou de transe.
L’APEAS insiste sur le fait que la grande partie des cas ne concerne pas les enfants dépressifs. An contraire, la maman de Gaspard, 8 ans, qui est mort d’asphyxie il y a deux ans, affirme que c’était un garçon plein de vie et heureux, qui se sentait protégé et était bien dans son entourage familial. L’administration Française, pour sa part, fait preuve de prudence devant ce phénomène inquiétant. Le ministre de l’éducation a décidé de créer un groupe de travail pour étudier le sujet. Il a opté pour ne pas s’ opposer à l’activité des parents ni a sa campagne de sensibilisation.