Le jeu du foulard
Docteur Jean LAVAUD – Médecin pédiatre chef du SMUR hôpital Necker enfants malades Paris – Février 2007.
Le jeu du foulard fait partie de tous les jeux entraînant une strangulation aiguë, auxquels s’adonnent les enfants de tous âges, mais surtout les 7 – 13 ans.
La strangulation peut être faite à deux mains ou avec un lien quelconque : foulard, écharpe, corde, cordelette, ceinture, manche de vêtement…
C’est la compression aiguë des axes vasculaires principaux du cou et notamment les carotides, qui provoque une diminution brutale de l’oxygénation cérébrale, donc une hypoxie des cellules cérébrales qui confine rapidement à l’anoxie, arrêt complet de l’apport d’oxygène, quand la strangulation est totale.
Au stade d’hypoxie, les enfants ont une sensation de malaise ou de planer avec bourdonnement, sifflements d’oreilles, scintillements oculaires ou trous noirs, hallucinations, pesanteur des membres.
Si la strangulation s’associe à une pendaison, que ce soit par le simple poids du corps de l’enfant qui a perdu connaissance ou plus rarement par une pendaison en un lieu surélevé, d’autres lésions peuvent s’ajouter à l’hypoxie et aggraver très nettement l’évolution : lésions du larynx avec compression externe gênant le passage de l’air, donc la respiration, lésions des vertébrales cervicales avec traumatisme de la moelle épinière.
Si l’enfant est seul, la perte de conscience est un point de non retour, qui évoluera vers la mort en quelques minutes ou vers des séquelles cérébrales plus ou moins importantes selon la durée de l’anoxie si les secours sont arrivés rapidement : cécité, surdité, paralysie(s) de membre(s), épilepsie, troubles cognitifs et du comportement, encéphalopathie profonde secondaire à un coma très prolongé.
Pour l’entourage de l’enfant, quelques signes peuvent alerter : traces linéaires plus ou moins marquées (ecchymoses, hématomes) au niveau du cou, devant ou latéralement, que l’enfant cherche parfois à cacher ; joues rouges de façon prolongée au retour de l’école ou d’activités ; violents maux de tête, à répétition, insuffisamment contrôlés et réduits par les médicaments ; troubles visuels passagers (« mouches volantes » dans le champ de vision ou vision trouble, double) ; bourdonnements d’oreille, sifflements.
Son comportement peut devenir brutalement anormal ou bizarre : isolement, repli sur soi ; défaut de concentration, oublis, absences brèves de quelques secondes de la conscience, défaut de la mémoire récente ; agressivité soudaine, violence verbale et/ou physique ; découverte d’un foulard, d’une écharpe, d’une corde, d’une ceinture, d’un lien quelconque, que l’enfant garde et veut garder sur lui en permanence, ou traînant sans raison auprès de lui ; questions posées par l’enfant sur les effets, les sensations et les risques de la strangulation.
Dr Jean LAVAUD